Pulpe N°6 - Automne 2019
« L’HIVER À PEAU DE PHOQUE, L’ÉTÉ À VESPA. » 66 L es livres d’histoire relatent le formidable développement de la station de Verbier dont la seule évocation dans les bars et pubs branchésdeParis,Oslo,Bruxelles,Londres ou New York est synonyme de beaux momentsdeglisseetdesoiréesanimées. Mais avant dedevenir le rendez-vous de la jet set mondiale, Verbier était un pai- sibleplateauherbeux oùpaissaient l’été quelques belles bêtes àcornes, de la race d’Hérens évidemment. Au début des années trente, les premiers sportifs, amateurs de randon- nées à ski, trouvent refuge dans les pensions Mont Fort et Rosablanche. Si l’essor deVerbier est intimement lié au développement des remontéesméca- niques à partir des années cinquante, le destin de la familleMichellod l’est aussi. Fin mai 1949, Armand, qui a fait ses classes à Payerne comme livreur de pain, ouvre sa première boulangerie à Verbier-Village. L’endroit est exigu: un pétrin, un four à gueulard, une table de travail…«Lesdébutsont étéquelquepeu épiques, se souvient son fils Gérard. En hiver, il fallait livrer les établissements de lastationàpeaudephoque, l’étéàVespa. Surtout, mon père a dû batailler ferme pour se procurer de la farine. Le Moulin deNaters lui a fait confiancealorsque les MoulinsdeSion refusaientde lefournir!» En 1955, Armand et son épouse Anitaconstruisenten-dessousdelapetite chapelle du village. Ils y installent leur boulangerie, flanquée d’un tea-room. La Vespa et les lattes sont remplacées par un side-car, puis par une flotte de 2CV avant que les camionnettes de livraison ne prennent le relais pour satisfaire les clients de la région. En 1968 déjà, Michellod approvisionne Sembrancher ainsi que les villages du Levron et de Vollèges. Sept décennies plus tard, la fa- mille Michellod a fait ses preuves et conquis les plus fins palais locaux et internationaux. L’entreprise familiale compte130employés, douzepointsdevente à l’année dans tout le Valais romand et un buffet express au départ de Médran en hiver pour ravitailler les skieurs. La production a quitté Verbier pour Sembrancher en 2009 et c’est aujourd’hui Didier, fils de Gérard, qui poursuit la tradition comme responsable de production. Méthode artisanale Michellod est devenu une référence connue loin à la ronde. L’entreprise ne fait aucune concession sur la qualité : «Nous travaillons avec des farines lo- cales et du levain. Nos pains sont issus de longues fermentations et garantis sans additifs», explique Didier, toujours à la recherche de nouvelles idées pour séduire ses clients restaurateurs. Avec un ami épicurien, il a créé le pain Clovis qui peut se consommer trois jours du- rant après avoir été réchauffé au four 8 minutes à 180°C. Si le laboratoire a des allures d’usine et fonctionne jour et nuit pour satisfaire une nombreuse clientèle, les pesées et le façonnage s’effectuent à la main. «Pour nous, l’humain est tou- jours au cœur de notre production», martèle Gérard. La qualité des produits Michellod est là pour le prouver. Michellod & co LE FOUR à pain de Verbier-Village
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