Pulpe N°4 - Automne 2018
Tradition 24 elleest devenue lepaindu riche. Nous sommespassésd’uneforêt nourricière et privée à un lieu public de plaisir et de détente», commente Anne Car- ron-Bender, guide du patrimoine et organisatrice de visites commentées à la châtaigneraie de Fully. Il fut un temps en Valais où les châtaignes étaient simplement cuites à l’eauougrillées. Elles agrémentaient les soupes. Réduites en farine, elles enrichissaient le pain. Aujourd’hui, les plus grands chefs et pâtissiers rivalisent de créativité pour mettre à l’honneur ce fruit qui se savoure volontiers simplement avec du gibier ou en brisolée (voir encadré ). Les premiers châtaigniers se- raient apparus au-dessus de Fully au début du XIII e siècle. «A l’époque, la plaine est marécageuse et la popu- lation en forte croissance. Pour se nourrir, il n’y a guère d’autre choix quede s’approvisionner localement», explique Anne Carron-Bender. A Fully, les arbres à bogues se plaisent sur les roches cristallines. Le sol est pauvre et caillouteux, la chaleur intense. Chaque famille possède quelques châtaigniers dont elle prend soin et qui lui fournissent de quoi subsister. Du train à la vigne Aumilieu du XIX e siècle, avec l’arrivée du train, le début de la première correction du Rhône et d’autres événements importants, l’histoire du Valais prend un tournant. Il est enfin possibled’importerde lanourriture. La viticulture s’avère bien plus rentable. Elle se développe au détriment de la châtaigneraie que l’on défriche pour planter des ceps. Des 50 hectares originels, la forêt passe rapidement à 17 hectares. Le 18 novembre 1939, la grande ravine de Saxé se fraye un chemin jusqu’auxhabitations et rappelle, avec force dégâts, l’importance de la forêt comme protection naturelle. Dans la foulée, l’Etat duValais déclare la châ- taigneraie du centre de la commune d’utilité publique. Les propriétaires doivent cesser de défricher et sont finalement expropriés. La forêt se transforme rapidement enune jungle inaccessible. En 1959, la bourgeoisie de Fully la rachète pour la modique somme de 17000 francs. Il faudra attendre lemilieudes années septante pour qu’un programme de restaura- tion soit lancé par des arboriculteurs passionnés. En 1986, la Confrérie de la châtaigne est fondée et assure l’entretien de la châtaigneraie, sa sauvegarde et sa protection. En 2000, une nouvelle coulée de boue ravage deux hectares en- traînant la construction d’un ouvrage de protection qui sera achevé en 2006. Aujourd’hui, les menaces qui planent sur cette oasis de verdure sont le chancre, un champignon qui s’attaque à la sève des arbres, et le cynips, un insecte asiatique qui pique les bourgeons. Mais grâce aux soins dont la châtaigneraie fait l’objet, ses 1000 arbres continuent de prospérer et de faire le bonheur des amateurs. En automne, la récolte des châtaignes est ouverte à tous. Elle s’étale sur un mois. Il est toutefois interdit de gauler, de frapper ou de secouer les branches des arbres. Seules les châtaignes déjà à terre peuvent être ramassées. La cueillette est gratuite et réservée à la consommationprivée. Et si vous n’avez pas l’occasion de vous rendre à Fully pour cueillir vos propres fruits, laissez-vous tenter lors d’une escapade enValais par un pot de miel de la Châtaigneraie ou du pain à base de châtaigne fabri- qué par les amis du Four à pain de la Fontaine. Plaisir garanti ! Pour en savoir plus sur les balades organisées par Anne Carron-Bender: www.baindair.ch Pour trouver de bonnes adresses où déguster une brisolée en automne: www.fetedelachataigne.ch « SEULES LES CHÂTAIGNES DÉJÀ À TERRE PEUVENT ÊTRE RAMASSÉES. LA CUEILLETTE EST GRATUITE ET RÉSERVÉE À LA CONSOMMATION PRIVÉE. »
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